Nous avons rendez-vous au bistrot du Musée national suisse à Zurich. C‘est son dernier jour de travail avant les vacances, une semaine de «temps pour moi», encore sans projets concrets. «Les pauses sont importantes», confie Sophie Fürst, qui n‘en a pratiquement pas eu depuis trois ans et demi.
Lorsqu‘elle a été nommée directrice de campagne de l‘Initiative pour les glaciers (voir encadré) début 2019, elle ne se doutait pas que ce projet l’accompagnerait aussi longtemps. «J‘avais surtout envie de construire quelque chose de politique et de démocratique en partant de zéro.»
Auparavant, cette femme, aujourd‘hui âgée de 37 ans, était déjà engagée politiquement, par exemple en tant que chef de projet auprès de l‘agence Feinheit qui soutient également des campagnes politiques, ou en tant que collaboratrice personnelle du conseiller national des Verts Balthasar Glättli. Sophie s‘empresse de souligner qu‘elle-même n‘est pas membre d‘un parti politique. «Il est important de penser au-delà des partis politiques pour faire avancer les choses», affirme-t-elle avec conviction.
C‘est aussi son approche pour l‘Initiative pour les glaciers. «Nous avons réussi à assurer un large soutien au projet et aussi à convaincre des représentant-e-s du centre.»
En tant que membre du Conseil de la Fondation pour la démocratie directe, la participation de la population lui tient à cœur. Après tout, une initiative populaire est le moyen de démocratie directe par excellence. «Du moins, c‘est ce que je pensais», ajoute-t-elle. Aujourd‘hui, elle sait que «faire passer une initiative populaire est un processus de longue haleine qui dépend de nombreuses influences extérieures». Concrètement, la pandémie, le rejet de la loi sur le CO2 et, actuellement, la guerre en Ukraine ont notamment influencé la campagne.
«Évidemment, cela peut être frustrant», confie Sophie. Et même déstabiliser. Mais elle n’a jamais manqué de motivation. «Il faut du souffle pour faire aboutir un projet politique, on ne peut pas transformer la société en un an.» De quoi d‘autre a-t-on besoin pour mener une campagne politique? Sophie réfléchit un instant, puis se met à rire. Elle commence par les qualités qui ne sont pas trop son fort: savoir prendre du recul par rapport au projet et, justement, faire des pauses. En revanche, elle n’a aucune difficulté à rester flexible et ouverte aux opinions et points de vue des autres.
En outre, une initiative populaire est intégrée dans le système politique. «En choisissant cette voie, il faut être prêt à faire des compromis.»
Sophie a désormais des astuces pour se détendre. Par exemple bien respirer, comme dans les cours de chant. Mais ses principaux exutoires sont ses amis et son partenaire, qui ne s’intéressent pas trop à la politique. «Ça me remet les pieds sur terre et me permet de me changer les idées.»