Marco Kistler est membre du conseil de la Fondation pour la démocratie directe depuis cinq ans. Dans cet entretien, il raconte comment il a été marqué par la Landsgemeinde glaronnaise, pour quelle raison il a lancé l’Initiative 1:12 et pourquoi il préfère travailler dans l’ombre.
Marco Kistler a vécu de très près la démocratie directe depuis sa plus tendre enfance. Il a grandi dans le canton de Glaris et tous les ans, il se trouvait sur la Zaunplatz au centre du chef-lieu, là où on débattait et votait sur différents sujets. «Cette expérience m’a certainement politisé», affirme le quadragénaire. «C’est un mélange particulièrement intéressant entre démocratie directe et tradition.»
Elève, l’injustice du système de formation le dérangeait. A l’âge de 23 ans seulement, il a fait son entrée dans la direction de la JS Suisse. Il a codirigé la campagne cantonale en faveur du droit de vote à l’âge de 16 ans. Le succès a été au rendez-vous puisque la Landsgemeinde a accepté l’initiative de peu. Jusqu’à aujourd’hui, le canton de Glaris est le seul en Suisse à connaître cette législation.
Il a pris une dimension nationale comme auteur de l’Initiative 1:12. Celle-ci demandait que le plus haut salaire d’une entreprise soit au maximum douze fois plus élevé que le plus bas salaire. Cette idée reflète le sens de la justice de Kistler: «Je voulais agir sur ce qui énerve les gens», dit-il. La campagne a exigé beaucoup de travail. La majeure partie des signatures a été récoltée dans la rue, le comité d’initiative ne pouvait pas se permettre l’achat de timbres pour un envoi par la poste des documents.
Le refus de l’initiative en 2013 n’a pas été une grande déception. «Nous avons indiscutablement atteint notre objectif qui était de provoquer un débat sur le sujet.»
En tant que membre du conseil de la Fondation pour la démocratie directe, Kistler plaide en faveur d’une vision démocratique. De son point de vue, un système économique démocratique est nécessaire. Par exemple, le succès d’une votation ne devrait pas dépendre du pouvoir économique. «Dans le contexte mondial actuel, cela peut sembler être un thème défensif», déclare Kistler. C’est justement pour cette raison que le travail de la fondation revêt une telle importance: «Elle essaie d’aborder la démocratie de façon offensive et de la rendre accessible.»
En 2014, il a quitté ses fonctions politiques en tant que conseiller communal et membre du Parlement du canton de Glaris. «Je n’aime pas être sous les feux de la rampe.» Il préfère travailler sur l’infrastructure. Actuellement, il vit ce rôle dans l’agence de campagnes digital/ organizing qu’il a cofondée en 2019.
Père de deux enfants, il partage par ailleurs le travail de care avec sa partenaire, la co-présidente du PS Mattea Meyer. «Pour un partage équitable entre vie familiale et professionnelle, il manque en Suisse les conditions-cadres telles qu’un congé parental convenable absolument paritaire pour les deux parents», dit Kistler. «C’est justement en tant qu’homme que l’on peut faire preuve de plus d’engagement afin de ne pas tomber dans le modèle classique de partage des rôles. Cela signifie aussi pouvoir dire non», ajoute Marco Kistler. «Autrement, ce n’est pas possible.»
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